Hervé Grandeau voit le marché qu'il commençait à développer en Chine depuis 2008 s'effondrer depuis que son vin est contrefait et vendu sur Internet. Hervé Grandeau est décidé à retrouver la maîtrise de sa marque en Chine.
Comme beaucoup de viticulteurs, Hervé Grandeau, propriétaire du Château Lauduc, à Tresses, en appellation Bordeaux et Bordeaux supérieur, a cru, et d'ailleurs croit toujours, que le marché chinois est un marché porteur pour le vin.
Il relativise en revanche beaucoup l'idée qu'il s'agirait d'un eldorado depuis qu'il a découvert que son vin était contrefait et ainsi largement diffusé sur l'Internet chinois à un prix plus de deux fois inférieur à celui de son importateur et diffuseur. « Il est à 80 yuans sur certains sites Internet, quand il est à 200 yuans sur ceux de mon diffuseur », explique le viticulteur.
Ça avait bien démarré
Tout avait pourtant bien commencé lorsqu'en 2008 le responsable de la société El Gard, spécialisée dans l'exportation et la vente en gros de pneumatiques, prend contact avec lui pour la filiale qu'elle souhaite développer autour du vin.
« C'est une société installée à Quingdao, ville de 7 millions d'habitants, au sud de Pékin, en bordure du fleuve Jaune, dans la province de Chandong, raconte Hervé Grandeau. D'emblée, ce grossiste a montré son intérêt. Il a payé le premier conteneur d'avance, a fait de la publicité. »
En novembre 2008, Hervé Grandeau fait son premier déplacement en Chine. « Je rencontre un importateur et diffuseur très motivé, qui ne connaît pas grand-chose au vin, mais emploie une vingtaine de personnes pour développer cette activité. Même si elles ne sont pas plus formées que lui sur le sujet. Je constate en revanche qu'il a fait une boutique, qu'il a développé la publicité sur les lieux de vente.
Il est venu à Bordeaux au mois de juillet 2009. C'est là qu'il a commencé à me parler des contrefaçons. Sur le coup, je n'y ai pas prêté attention. J'ai pensé qu'il s'agissait de reliquat de vins que j'avais envoyé les années précédentes quand je cherchais à pénétrer ce marché. Je pensais à l'époque que seuls les grands crus classés étaient victimes de contrefaçon. »
Bouteilles identiques
Le temps passe, les relations commerciales se renforcent entre le Château Lauduc et l'importateur chinois. Pourtant, le thème de la contrefaçon revient régulièrement par la bouche de l'interlocuteur chinois dans les échanges par mail ou au téléphone. « Lorsque j'y suis revenu en novembre 2010, mon client m'a montré ce qu'il en était de la contrefaçon et de la vente sur Internet.
J'ai découvert des bouteilles pratiquement identiques aux miennes. Avec juste une nuance de couleur sur un liseré de l'étiquette et sur le rouge de la capsule. J'ai goûté le vin à l'intérieur. Un mauvais vin de table. »