Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La différence se lie à votre nom

L'Avantsign' n° 11 déc 2005

“Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ?!! ”.
Sans nom, un produit, un service ou une société n’a pas de distinction.


Sans distinction, il ne peut pas circuler de voix en voix. Le nom, c’est donc LE truc qui cultive
la différence ! Trêve de cachotterie, Jean-Jack Cegarra, Professeur à l’IAE de Lyon III, nous dit ce qu’il faut savoir sur Le Nom : sa vie, son œuvre.


Imaginez un nom de société : Le lire, le voir, l’épeler, l’écrire, bref, le (sup)porter tous les jours ouvrables, et plus sans affinités ! Non ! Non ! Et non ! Il faut un nom sur mesure, un nom qui dégage… ce que vous souhaitez exprimer au public. Une identité originale, c’est ça qui fera la diff’ ! Mais comment un nom peut-il prendre en charge la différenciation d’un projet ? Ça, en général, c’est une mission pour le néologisme, c’est-à-dire le nom créé.
Réfléchissons : Un nom existant, réfère-t-il toujours à la marque lorsqu’il est cité ? Par exemple, quand vous lisez le mot « orange », pensez-vous “téléphonie mobile” ? Oui, mais seulement dans un cadre commercial, le reste du temps, non ! Le terme “orange” est un mot existant, donc on est presque sûr qu’il n’est pas dispo. Or, un néologisme a plus de chances d’être juridiquement disponible. Original, spécifique, un nom créé de toutes pièces sort du lot, et même de son pays natal. Eh oui, n’oubliez pas que les touristes sont de grands exportateurs quand le nom plaît... surtout “à l’heure où les frontières s’ouvrent”. C’est ce que nous confie Jean-Jack Cegarra quand il pose “l’internationalité comme principe quasi nécessaire du nom”. Le caractère international du nom implique alors une prononciation aisée dans toutes les langues concernées, et bien sûr, qu’il soit dépourvu d’évocations négatives. Enfin, contrairement aux noms existants, le néologisme peut parler plus spécifiquement de votre projet, tout en réduisant souvent les risques juridiques liés à l’utilisation d’un nouveau nom. “Mais il faut que le nom se positionne correctement dans l’univers des marques concurrentes, mais aussi au sein du portefeuille de marques de l’entreprise.”
Regardons : Quelle communication adopter pour son nom ? Jean-Jack Cegarra nous explique : « Il faut veiller à conférer au nom, et de manière pérenne, un véritable
statut de marque. XALIO est une marque déposée, et perçue comme telle. Elle possède le statut de marque, car on ne l’a jamais utilisée comme nom commun, mais bien comme nom propre, la marque d’un téléphone PHILIPS. En revanche, KLEENEX n’a plus vraiment de
statut de marque, il est entré dans le langage. Aujourd’hui, “KLEENEX” désigne plutôt une catégorie de produits : “mouchoir à papier” ». FRIGIDAIRE, K-WAY, POST-IT, SCOTCH, SOPALIN, nombreux sont les exemples de noms de marque qui meurent dans le marché, pour vivre comme nom commun dans le langage. Et si WALKMAN a perdu son statut de marque pour nommer le produit “baladeur”, AÏWA ou PANASONIC en sont des marques, et des vrais ! CADDIE est aussi un nom passé du propre au commun. Mais au fait, la faute à qui ? «La pub ne met pas en valeur la marque quand elle dit “passe-moi un KLEENEX”». En d’autres termes, le nom de marque doit être adjectif de l’objet à vendre, dans le sens où il doit venir qualifier le produit ou le service. «STABILO aurait dû être un qualitatif de
l’objet nouveau “le surligneur”, or on a utilisé la marque STABILO pour désigner l’objet lui-même -le surligneur- et non pour qualifier, individualiser un produit de la Société Schwan.» Le néologisme apporte bien une différenciation, et il faut savoir qu’il “parle” déjà de son entreprise. En effet, le nom créé est continuellement interprété. Et c’est parce qu’il ne figure pas dans le dictionnaire qu’il pousse à l’interprétation. En se renouvelant ainsi, une longue durée de vie lui est garantie.
Du coup, la communication publicitaire part de l’interprétation du nom pour argumenter de façon créative. Exemples : la phonétique de “BABIBEL” proche du célèbre refrain “Barbara Ann” des Beach Boys, a permis de chanter le nom du fromage sur ce même air : “BA BA BA, BA BA Babibel… c’est toi qu’on aime”. L’onomatopée “CRUNCH” a donné l’idée d’un spot où il est toujours question d’effondrements…

C’est ainsi que les noms qu’on crée (concrets ?) créent leur com’ tout seuls comme des grands ! Grâce à son statut de marque, le nom apporte à son objet une distinction.
Reprenons : Clovis n’est autre que Clovis, Yourname n’est autre que Yourname, et c’est ça qui est bien ! Un nom à vous, rien qu’à vous ! La singularité du nom amène la différenciation du projet. Polysémique (qui a plusieurs sens), adapté au positionnement de l’entreprise, le néologisme dure dans le temps, on l’interprète et ré-interprète selon l’évolution de la langue, selon la communication faite autour de lui. Néologisme, c’est ce qu’implique une identité originale. “Il ne faut pas oublier que le nom doit également respecter l’architecture des marques de l’entreprise”. Dans ce sens, NINA BLUE, LULU CARAMEL, ZAZA TANGO intègrent parfaitement le portefeuille de la société Chauss’Europ par exemple. Il est vrai qu’en étant des marques à la pointure de l’entreprise, ces noms hors pair permettent aux produits d’être identifiés comme appartenant à Chauss’Europ, et à Chauss’Europ de se distinguer des autres. Notons cependant la stratégie de certaines enseignes qui consiste à isoler (mais pas trop) une marque de leur charte. En d’autres termes, il s’agit de présenter un nouveau projet sans suggérer l’entreprise-mère. Bien sûr, il faut y voir une stratégie de la part de l’entreprise, sachant d’ailleurs que beaucoup fabriquent une fausse concurrence par la mise sur le marché de nouveaux produits aux noms qui ne respectent pas l’architecture de l’enseigne.
Révélons : Pauvre monsieur Pad Chance qui tenait vraiment à son nouveau nom ! Celui-ci reflétait parfaitement sa stratégie et ses goûts personnels. Et voilà qu’il découvre que son nom est pris. Mais ! Chez le marchand de glace, quand le chocolat est en rupture de stock, il reste vanille, pistache, nougat, praline, framboise, etc… Vanille et Framboise sont identiques concernant leur bénéfice (délice) mais sont distincts par leur forme. Ainsi, deux noms peuvent exprimer la même chose tout en étant différents. Monsieur P. Chance n’aime pas être imité, ni même ressemblé, il a fait créer puis déposer un beau nom, rien qu’à lui ! Si les gens aiment monsieur Chance, c’est autant à son nom qu’à ce qu’il vend.

Les commentaires sont fermés.