| L'HISTOIRE DU JOUR |
La commune aveyronnaise de Laguiole, mondialement connue pour ses couteaux fermants à manche légèrement recourbé et siglé d'une abeille, fabriqués depuis le XIXe siècle, a saisi le tribunal de grande instance de Paris afin de retrouver l'usage de son nom, subtilisé depuis dix-sept ans par un entrepreneur qui appose la marque Laguiole sur des couteaux importés d'Asie et sur une pléthore de produits.
L'histoire commence en 1993. Gilbert Szajner, un particulier de Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne, dépose la marque Laguiole pour désigner non seulement des couteaux, mais aussi du linge de maison, des vêtements, des briquets ou encore des barbecues. Contre redevance, il accorde des licences à des entreprises françaises et étrangères qui peuvent commercialiser sous le nom Laguiole des produits d'importation.
En février 2009, alors que la commune crée un nouveau logo et le dépose à l'Institut national de la propriété industrielle, Gilbert Szajner bloque la procédure sous prétexte qu'il est l'unique détenteur des droits.
Mécontente, la petite ville de l'Aubrac poursuit donc M. Szajner, ses sociétés et une dizaine de ses licenciés, demande la nullité des marques, et réclame 5 millions d'euros en réparation du préjudice.
« Les dépôts de marque que Gilbert Szajner a accumulés lui ont permis de s'arroger un véritable monopole sur le nom Laguiole qu'il oppose à la commune et à ses administrés pour empêcher leur croissance au profit de la sienne », affirme le maire de la commune.